La bourse, à quoi ça sert ?

La Bourse

La Bourse est la pierre angulaire du système capitaliste contemporain. D’un côté, elle permet le financement des entreprises. De l’autre, elle draine les placements des particuliers.

Explications :

An 1450, à Bruges, les marchands de la foire locale avaient coutume de se réunir et de négocier leurs lettres de change sous les fenêtres d’un riche négociant, le sieur Van Burse. Le blason de ce marchand était orné de trois bourses (porte-monnaie), signe qu’à l’époque on pratiquait déjà l’art du jeu de mots. Le patronyme est passé dans le langage courant, mais avec une majuscule, pour désigner les marchés organisés où se confrontent les offres et demandes.

Depuis les foires des Flandres, l’activité boursière s’est diversifiée, répandue et développée. A tel point que, si l’on a longtemps dit que la Bourse mesurait la vigueur de l’économie, on peut aujourd’hui ajouter que sa santé ne paraît pas sans effets sur le rythme général de l’activité. Quand la Bourse s’enrhume, c’est la croissance qui s’essouffle. Les bulles spéculatives, en crevant, ont fait exploser plus d’une économie, asiatique ou nouvelle. Quant au moral des Français, il est au beau fixe quand le Cac 40 bat des records d’altitude. Baromètre ou aiguillon, la Bourse est étroitement corrélée à l’économie. Un phénomène somme toute naturel : plus que jamais, elle se retrouve au cœur de notre système capitaliste.

Du point de vue des entreprises, l’utilité de la Bourse n’est pas à démontrer. Quand elles veulent investir, les sociétés non cotées n’ont qu’une solution : aller exposer aux banquiers leur “business plan” et se soumettre aux conditions du crédit, quand celui-ci est accepté. Pour les sociétés cotées, l’alternative à l’emprunt bancaire est double : d’une part l’emprunt obligataire, qui permet aux plus importantes d’entre elles (ainsi qu’aux collectivités locales et grandes entreprises publiques) d’emprunter de l’argent à meilleur coût. La seconde opportunité, et de loin la plus courante, c’est l’augmentation de capital. En émettant en Bourse des actions nouvelles, l’entreprise peut renforcer ses fonds propres ; l’argent récolté constitue autant de liquidités. Certes, les sociétés non cotées peuvent aussi procéder à des augmentations de capital, mais le fait que les actions émises ne soient pas listées diminue leur liquidité, réduisant ainsi leur attrait.

La Bourse permet également aux entreprises de financer leurs opérations de croissance externe. D’abord parce que le marché donne une valorisation objective aux compagnies. L’évaluation, principal problème posé lors des acquisitions, trouve sa solution dans la cotation boursière. Ensuite, parce que la Bourse offre de multiples mécanismes d’augmentation de capital, qui permettent de financer les prises de contrôle amicales, hostiles ou obligées. Conséquence : par le biais des fusions et acquisitions boursières, c’est le paysage économique dans son entier qui est modifié. Les restructurations dans le domaine de la banque, de la chimie ou de la communication en sont l’illustration.

A l’autre bout du circuit d’investissement, il y a les particuliers, qui achètent les titres de placements émis par les entreprises. Directement, ou par le biais des intermédiaires qui les représentent. En effet, aux millions de particuliers qui s’adonnent aux joies de la Bourse, il faut ajouter tous ceux qui détiennent des actions sans le savoir : Opcvm (Sicav et Fonds commun de placement), assurance-vie, épargne salariale ou retraites sont autant de placements ou de revenus qui prennent leur source en Bourse. Dans les obligations, produits dérivés, contrats à terme, warrants, et surtout dans les actions qui représentent l’essentiel des valeurs mobilières cotées.

Le placement dans ces titres correspond à trois mobiles différents. Premier objectif : le revenu. Les dividendes (partie du bénéfice que la société distribue aux actionnaires) sont cependant variables et saisonniers. En cas de mauvais résultats, ils sont supprimés ou reportés. Ces aléas mis de côté, les actions offrent, aujourd’hui, à Paris, un revenu en ligne ou presque avec celui des autres placements… Le second objectif, c’est le capital. Sur une période de long terme (plus de dix ans), les actions constituent le meilleur placement possible. Loin devant l’immobilier ou les matériaux précieux (ceux qui ont acheté des lingots dans les années soixante-dix n’ont pas vraiment réalisé un bon placement). Aux Etats-Unis, où la retraite par répartition est marginale, les particuliers voient dans la Bourse le meilleur moyen de protéger leur épargne. Le développement des fonds de pension américains en est la preuve.

Enfin, troisième objectif : le bénéfice à court terme, la spéculation. Celle-ci, qui est un pari sur l’avenir, peut être un jeu dangereux. Certains boursicoteurs se sont brûlé les doigts, et leurs économies avec, en se laissant griser par les performances des marchés émergents ou technologiques. Cette activité est donc réservée aux initiés, ou aux téméraires, Forex, CFD, etc.. Notons que dans une certaine mesure, les spéculateurs, par leurs incessants arbitrages, animent le marché et sont garants de sa liquidité.

Entre les entreprises et les particuliers se trouve le marché boursier. Financement du développement économique et placement de l’épargne y font bon ménage : les intérêts des uns rejoignant et complétant ceux des autres. Si la Bourse n’existait pas, comme dirait le marchand Van Burse, il faudrait l’inventer.

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